L’Autorité de la concurrence a été saisie par la Ville de Paris le 8 février 2011 au sujet de la situation concurrentielle dans le secteur de la distribution à dominante alimentaire à Paris.
Elle constate à cette occasion que le marché est extrêmement concentré et que le groupe Casino y est largement en position dominante.
Saisie par la Ville de Paris il y a un an environ, l’Autorité de la concurrence a rendu la semaine dernière un avis sur le marché parisien de la distribution alimentaire qui confirme la position dominante du groupe Casino. Dans un précédent avis, l’Autorité reprenait les chiffres de l’Apur, l’Atelier parisien d’urbanisme, qui attribuait aux Casino, Franprix, Leader Price et autres Monoprix une part de marché de 60 % en termes de surface. Dans son nouvel avis, le régulateur arrive à un résultat quasi identique en matière de chiffre d’affaires : entre 54 % et 66 %. Il souligne même que dans 11 des 80 quartiers parisiens, Casino détient plus de 80 % des magasins. Cette position est d’autant plus dominante, rappellent les sages de la rue de l’Echelle, à Paris, que la deuxième enseigne du marché, Carrefour, s’est séparée cet été de Dia, sa filiale de hard disocunt qui exploite le réseau Ed. La part de Carrefour est donc tombée à 12,5 % en surface et entre 10 % et 20 % en chiffre d’affaires. Le leader est donc trois fois plus important que le suivant.
Pour l’Autorité de la Concurrence, la conséquence est claire : « La position détenue par (Casino) sur le marché parisien de la distribution alimentaire constitue un obstacle à la concurrence ». Pour étayer cette affirmation, les équipes de Bruno Lasserre, le président de l’Autorité, explique que sur les marques nationales, les prix pratiqués par Franprix -l’enseigne la plus développée -sont supérieurs « de 2 % à 15 % » à ceux des rares Intermarché et Super U de la capitale. Or, ajoutent-elles, Casino pratique « des niveaux de marge qui rendraient possible une diminution des prix si la concurrence était plus intense ».
Pour autant, l’Autorité constate son impuissance à agir. « La position dominante n’est pas interdite » a rappelé hier Bruno Lasserre qui reconnaît, en outre que « Casino a constitué sa position faisant le choix d’une stratégie innovante misant sur la proximité à une époque où ses concurrents délaissaient ces formats ». L’Autorité de la concurrence reconnaît également que Casino n’abuse pas de sa position dominante en essayant d’empêcher l’arrivée de concurrents ou de les évincer du marché. Pas d’abus, pas de sanction. Tout juste Bruno Lasserre admet-il que si Casino faisait jouer son option sur les 50 % de Monoprix détenus par les Galeries Lafayette, « il examinerait cela avec attention ».
Pas menacé, pour l’instant, le groupe Casino ne s’échine pas moins à contester les chiffres de l’Autorité. Pour Jean-Charles Naouri -le président et propriétaire- et ses cadres, le marché pertinent n’est pas de 3,7 milliards d’euros, mais de 6,2 milliards si on y inclut les achats des Parisiens dans les boulangeries, les boucheries, charcuteries et autres spécialistes comme Picard. Casino, qui rappelle aussi que le panéliste Kantar calcule que 25 % des courses des habitants de la capitale se font dans les hypermarchés de périphérie, estime que sa part de marché ne dépasse pas les 38,5 %. Un plaidoyer pro domo.
Source : les échos.