L’agence de notation Moody’s a dégradé ce mardi de 3 crans la note du Crédit immobilier de France (CIF). Si l’Etat ne trouve pas rapidement une solution pour le sauver, le CIF ne pourra plus accorder de crédits immobiliers.
La situation devient préoccupante. Faisant face à de lourdes difficultés de refinancement, le Crédit immobilier de France (CIF) a vu sa note dégradée de trois crans par l’agence de notation Moody’s. La note de sa dette long terme tombe ainsi de « A1 » à « Baa1 ». Et celle de sa dette court terme est du coup abaissée à « Prime 2 ». Or le CIF éprouvait déjà de grandes difficultés à se refinancer sur les marchés depuis plusieurs mois. Il lui est dorénavant presque impossible de le faire.
Le CIF se refinance presque exclusivement sur les marchés
La situation du CIF est d’autant plus alarmante que ce spécialiste du crédit à l’habitat tire la très grande majorité de ses ressources des marchés financiers, sa base de dépôts étant très faible. A fin juin 2011, son bilan pesait ainsi 41,6 milliards d’euros, pour 33 milliards d’euros d’encours de crédits. Et pour ne rien arranger, il doit trouver les fonds pour honorer le remboursement d’une émission sécurisée de 1,75 milliard d’euros arrivant à échéance en octobre 2012. Pour Moody’s, si la situation n’évolue pas, « une assistance de la banque centrale pour assurer sa liquidité sera probablement nécessaire ».
Moody’s met la pression sur l’Etat français
Un adossement du CIF à un groupe bancaire en capacité d’assumer le refinancement de ses prêts est du coup évoqué. L’Etat français s’y attelle depuis le début de l’année, comme il l’avait déjà fait au début des années 2000. Si Moody’s se dit confiante dans la capacité de l’Etat français à soutenir le CIF, elle indique nénamoins que dans le cas contraire, la note du CIF pourrait chuter de neuf crans supplémentaires ! Ce qui signerait son arrêt de mort. En clair, sans repreneur, les difficultés structurelles du CIF le contraindront à ne plus accorder de crédits, et à gérer uniquement les prêts en cours jusqu’à extinction. Un tel scénario pourrait selon Moody’s, contraindre les pouvoirs publics à apporter un soutien financier au Crédit immobilier de France.
La Banque Postale, candidat numéro un
L’Etat a du coup poussé la Banque Postale, une banque publique, à regarder le dossier du CIF. Mais depuis l’ouverture de la « data room » il y a plusieurs semaines, une étape inhérente à toutes reprises de sociétés, la Banque Postale n’a pas manifesté d’intérêt pour l’adossement du spécialiste du financement hypothécaire. Un silence qui n’a pas échappé à Moody’s.
La filiale à 100% de la Poste est occupée par un autre dossier chaud : elle attend l’aval de la Commission européenne pour la reprise des activités de financement des collectivités locales de Dexia. Moody’s a ainsi remarqué que le management de la Banque Postale était aujourd’hui « concentré sur plusieurs projets importants ».
Les revenus modestes pourraient subir la déconfiture du CIF
Les premiers perdants d’une éventuelle déconfiture du CIF seront les clients de la banque. Contrôlé par des sociétés coopératives, elles même détenues par des sociétés HLM, le CIF octroie ainsi des crédits à l’habitat à 400 000 particuliers et organismes HLM. Sa disparition serait donc un coup dur pour l’accession à la propriété des revenus modestes.
Source : La tribune, 29 août 2012.